L’incertitude de cette expérience du chômage concerne de manière centrale son évolution, qui peut être envisagée dans des directions exactement contraires : éviction de, ou intégration dans, l’emploi. C’est ce qu’exprime cet homme (39 ans, célibataire, déménageur, 16 mois de chômage) quand il rend compte de sa situation et de ses efforts pour l’améliorer. Depuis plusieurs années il ne trouve que des emplois temporaires, et parfois très ponctuels (quelques heures), dans la manutention pour l’essentiel. La persistance de cette situation l’inquiète de manière croissante, car il a l’impression de « faire du sur place ». Il en vient même, en réfléchissant à son avenir, à évoquer la perspective de « devenir SDF si ça continue comme ça ». Parallèlement, il souligne aussi qu’il « garde espoir sans ça on se flingue ». En effet, peut-être sera-t-il un jour recruté par un de ses multiples employeurs, mais il considère que cela ne dépend pas de lui, que c’est comme « gagner au loto ». Il cherche ainsi à préserver sa situation d’une dégradation déjà perceptible, mais éprouve aussi une certaine impuissance, car il n’a pas le pouvoir d’œuvrer à une amélioration qui le protègerait de cette menace de déchéance (n°C16).