Les contacts avec des réceptionnaires, vecteurs de valorisation potentielle, sont une composante centrale d’une recherche d’emploi qui valorise les relations directes. C’est le cas pour cette femme (45 ans, divorcée avec enfants, manutentionnaire, 6 mois de chômage) qui ne peut faire valoir un diplôme de niveau Bac+2 qu’elle n’a jamais mis en pratique, et qui s’estime vouée, d’autant plus qu’elle doit nourrir ses enfants, à des fonctions d’exécution. Elle procède alors en sollicitant, de manière régulière et préparée de façon rigoureuse, quelques interlocuteurs auprès desquels elle obtient régulièrement « du travail, même si c’est provisoire ». Ainsi elle visite chaque semaine trois agences de travail temporaire dans lesquelles elle est inscrite afin de montrer sa disponibilité et son « envie de travailler ». Elle se rend, avec le même rythme, dans les locaux de Pôle Emploi, avec le même double objectif : rechercher des offres et montrer son engagement. Elle fréquente aussi, avec le même état d’esprit mais des objectifs différents, les services sociaux sans lesquels elle ne pourrait pas s’en sortir. Dans toutes les démarches elle cherche à répondre à des attentes normatives implicites et à se présenter ainsi comme méritante : « il faut montrer qu’on est une bonne personne » (n°C46).