Dès lors que la valorisation peut conduire à la stigmatisation, les chômeurs inscrits dans cette forme d’expérience sont exposés à des enjeux de maintien de leurs interprétations. Le fait d’être chef de ménage accentue la pression, comme le montre le cas de cet homme (46 ans, en couple avec enfants, ouvrier polyvalent agroalimentaire, 14 mois de chômage) qui est le seul actif. La responsabilité – sa responsabilité – de breadwinner est évoquée dans son récit, et constitue le pivot des alternatives qui y campées. D’un côté elle renforce la projection dans un emploi stable (« il faut un travail sûr pour ma famille »). Et cela oriente les démarches qui sont effectuées, puisque les agences d’intérim sont négligées et que le recrutement dans l’une des entreprises bien assises localement serait « la meilleure solution ». De l’autre côté, elle constitue un argument pour « ne pas trop faire le difficile » et considérer d’autres formes d’emploi. La première option est nettement privilégiée, y compris dans les démarches concrètes, mais la tension avec la seconde tend à se renforcer. Cette ambivalence, émergente, est le résultat de l’insécurité économique, et elle constitue une dimension implicite de cette forme d’expérience du chômage, qui peut devenir explicite, et douloureuse, en fonction des situations matérielles (n°C38).
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Témoignage
Les conséquences du chômage sur votre vie privée
Un processus de stigmatisation