Le réseau, nécessaire pour valoriser ses savoir-faire dans le cadre d’un processus marchand peut aussi être un héritage. Un bon exemple en est fourni par cette femme (53 ans, célibataire, artisan couturière, 15 mois de chômage) qui a été contrainte de fermer sa boutique de couturière, mais qui continue à travailler pour une partie de ses client(e)s. Elle peut mobiliser son ancienne clientèle, ou plutôt la transférer vers sa nouvelle activité, qui est le même métier. Mais ce n’est pas ainsi qu’elle raconte son parcours. Elle rapporte un mécanisme inversé, qui s’apparente à un enrôlement par sa clientèle : « ce sont des habituées qui m’ont demandé de continuer ». Si elle a développé une activité informelle qui l’occupe au moins à mi-temps, c’est pour ne pas décevoir certaines de ses clientèles : « les laisser tomber, je n’avais pas le cœur de dire non ». Elle est ainsi prise dans une sorte d’engrenage qui la conduit – voire la contraint – à répondre aux sollicitations, et à s’installer dans le travail au noir. Dans le même temps, elle s’interroge sur son avenir, car elle n’envisage pas de se maintenir durablement dans une telle situation. Mais elle est quelque peu désorientée, notamment parce que ses recherches d’emploi dans son métier ont été décevantes. Et elle n’entrevoit pas pour l’heure d’alternative à cette appropriation du chômage (n°C3).
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Témoignage
Les conséquences du chômage sur votre vie privée
Un processus de marchandisation