Les incertitudes peuvent se renforcer au long du parcours, comme l’illustre cette femme (52 ans, célibataire, employée spectacle vivant, 14 mois de chômage), qui a travaillé dans le domaine des décors, pour de grosses entreprises puis avec le statut d’intermittent, et qui est en réduite à vivre du RSA. La conception du travail – et du chômage – semble s’épuiser, faute d’être validée par des partenaires en mesure de la soutenir, et de la récompenser : « j’ai l’impression d’être déphasée. Je ne suis pas dans les bons réseaux à croire. Je me tiens au courant, j’ai des amis, mais ça ne donne pas ». D’épisodiques missions de courte durée ne suffisent pas à effacer cette impression d’être « coupée des bons réseaux », pas plus qu’une activité ponctuelle, et plus périphérique, de formatrice dans une entreprise qui fabrique des bijoux pour le théâtre. Maintenir, ou plutôt reconquérir, une activité dans la décoration théâtrale n’est plus une perspective clairement formulée, tant les appuis argumentatifs manquent pour l’étayer. Elle s’efface devant une alternative, qui surgit assez abruptement du récit et dessine un autre projet : s’installer à son compte comme formatrice à destination des individus qui veulent ouvrir des chambres d’hôtes. Ce projet est encore embryonnaire, mais du moins il ouvre une brèche dans une situation qui apparaît comme menaçante : « je ne peux pas continuer comme ça » (n°C29).
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Témoignage
L’accès au marché de l’emploi
Un processus d’autonomisation