L’expérience de l’étranger, soi-disant si valorisée de nos jours, est cependant difficile à gérer. Retour en France, nécessité de transférer les acquis et de renouer avec des réseaux professionnels antérieurs. Parcours assez diversifié, compétences transversales, la chose semblait cependant possible. D’autant que n’ayant pas le goût de l’inaction, j’ai rapidement développé des activités associatives qui restaient reliées à l’international. Au début, j’étais donc une chômeuse active et indemnisée qui espérait soit retrouver un emploi, soit le créer à partir du développement de son activité.

Mais le temps des projets ne coïncide que rarement avec les durées d’indemnisation et la lente construction d’une nouvelle forme de reconnaissance. En effet l’action associative se caractérise souvent par la patiente exploration d’un environnement auquel on souhaite apporter une forme de nouveauté.

Peu à peu s’éloigne la possibilité d’un travail formel sans que pour autant le projet associatif parvienne à trouver des financements suffisants. La peau de chagrin des indemnités est allée jusqu’à son terme. A 56 ans, pour la première fois depuis l’adolescence, je redécouvre la dépendance financière. Certes, il y a pire, car elle ne m’est jamais reprochée et que nous ne sommes pas menacés d’expulsion. Cependant elle ne peut pas ne pas être vécue comme une régression, une forme de retour à l’enfance. Bientôt la nécessité de gagner de l’argent se fait d’autant plus pressante que mon chômage coïncide avec la diminution des ressources qu’inaugure la retraite de mon époux.