La faiblesse des échanges monétaires peut prendre d’autres formes, en témoigne le cas de cette femme (39 ans, en couple avec enfant, employée grande distribution, 14 mois de chômage) qui développe des pratiques de débrouillardise qui sont fortement inscrites dans la vie domestique, et symétriquement à distance de la vie professionnelle. Ces activités consistent à minimiser les dépenses du ménage en développant l’autoproduction et l’autosubsistance. Cette autoproduction concerne la collecte de denrées (ramassage de pommes de terre, cueillette de fruits, entretien d’un petit potager, récupération des invendus sur les marchés), mais aussi et surtout leur transformation (fabrication de confitures, de potages, de bocaux divers). Ces activités mobilisent beaucoup de temps, mais elles sont fortement valorisées dans l’économie domestique (« ça soulage les finances »). Elles débouchent aussi sur des commercialisations ponctuelles, lors de braderies et autres bocantes locales. Cette pratique fait l’objet d’une préparation minutieuse, et notamment d’une organisation de la production de produits élaborés en fonction des saisons et du calendrier des manifestations permettant leur mise en vente. Elle n’implique pas de constituer des réseaux, mais son succès passe néanmoins par une fidélisation de la clientèle voire la construction d’une réputation : « je suis connue à force (…) on voit les mêmes qui reviennent » (n°C34).
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Témoignage
Les conséquences du chômage sur votre vie privée
Un processus de marchandisation