Le repli sur l’inactivité illustre combien les logiques d’institutionnalisation sont généralement subies ou en tous cas fortement contraintes. La famille peut constituer un refuge, mais sans les revenus associés aux véritables statuts de substitution. L’investissement de rôles familiaux n’est pas dépourvu d’ambiguïtés, comme pour cette femme (37 ans, en couple avec enfants, serveuse en restauration, 22 mois de chômage), qui a constamment cherché à travailler (« pour une femme c’est important »). Elle a un parcours discontinu du fait des naissances de ses enfants, et a des difficultés à retrouver un emploi, en dehors de petits extras très ponctuels comme serveuse. Ces derniers l’obligent à travailler en week-end ou en soirée, ce qui rend difficile la conciliation avec la vie familiale et la garde des enfants (« mon mari n’est pas, il supporte pas trop en fait »). Aussi les discussions au sein du couple l’amènent à reconsidérer l’intérêt d’une activité qui rapporte peu de revenu (« finalement je gagne pas grand chose »), et à en relativiser l’intérêt non seulement économique mais pour elle-même : « je vois du monde, après c’est fatiguant et tout ». Dès lors, faute de parvenir à décrocher un « travail vraiment », elle relativise l’importance de l’emploi et souligne, en évoquant à demi-mots le rôle et le statut de son mari, l’importance qu’elle attache à sa famille : « comme il me dit, moi je me dis dès fois, les enfants, c’est ce qui compte. D’avoir un bon salaire qui rentre, et puis après on voit » (n°C47).
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Témoignage
Les conséquences du chômage sur votre vie privée
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