La reconnaissance du droit à la retraite peut aussi provoquer des réactions de protestation et d’indignation. C’est le cas pour cet homme (56 ans, couple, chauffeur-livreur, plus de trois ans de chômage) qui espérait pouvoir, enfin, sortir du chômage en mettant un terme à sa vie professionnelle. Il a perdu tout espoir de retrouver un emploi, et appuie cette interprétation sur divers arguments : « on embauche des jeunes », « mes problèmes de dos ». Son point de vue n’est pas dépourvu de toute ambivalence, car selon les moments il estime qu’il faut « laisser la place aux jeunes », ou bien se montre scandalisé par ses difficultés : « on sait travailler quand même ». Pourtant, l’expérience du chômage est stabilisée autour d’un retrait et de la retraite, qu’il considère comme un droit, parce qu’il a des « problèmes de dos » qui l’empêchent de retravailler, et parce qu’il a commencé à travailler tôt (« à 16 ans »). Ces deux arguments dessinent une logique de droit au fondement de la conviction que le traitement institutionnel subi est injuste : « il faut crever pour avoir sa retraite à cette heure, ou bien quoi ». Son incompréhension est d’autant plus forte et sa protestation plus vive que la situation économique du couple se dégrade (n°C43).
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Témoignage
Les conséquences du chômage sur votre vie privée
Un processus de stigmatisation